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farafina KOROFO-made in Africa 
 
 
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l'art en Afrique noire.

Titre : l’ingéniosité africaine. 
Description : l’art en Afrique noire. 
I-la mémoire du sacré
Dieu est une puissance mystérieuse qui a créé l’homme et tout l’univers. Il se manifeste à et en chacun de nous par notre existence et notre conscience des choses. L’homme, pour sa subsistance et son confort, a porté son regard vers les secrets mystérieux de l’univers pour emprunter le pouvoir être lui permettant de s’inscrire dans l’ordre du monde. 
La mémoire du sacré est celle de la conscience noire, qui conçoit son destin et son identité dans les valeurs et les idéaux africains. « Les peuples sont comme des arbres ; sans racines ils ne peuvent pas tenir (débout) » David GAKUNZI, écrivain Rwanda-Burundi. 
II-l’art en Afrique noire
Le seko ni dônko est l’art ou l’ingéniosité dans sa signification bamanan et malinke ; c’est aussi l’art de la conscience noire, sous des dénominations propres à chaque peuple. C’est le principe du progrès et le procédé de l’agir et l’être de l’homme en tant que personne vivante ; et aussi ceux de la vie et la mort, des signes, des secrets, des mystères, des énigmes. C’est un procédé avec un style défini, une façon spécifique, un sceau apposé. C’est un art vivant, soit dynamique et positif ; et aussi un art intemporel (ou atemporel). 
L’art en Afrique noire se conçoit comme une base d’action ; une façon d’agir et d’être, une vie telle qu’une œuvre. Il n’y a ni art ancien ou nouveau, ni art moderne ou traditionnel. Un même art perpétuel suivant son cours consiste au seko ni kodôn ni dônko. L’héritage, le patrimoine et la culture sont des secrets des sorciers, des génies, ou bien du Dieu unique qui a rendu les choses telles qu’elles sont en devenir perpétuel. 
C’est le principe agissant de la force vitale qui indique tout être animé (animisme, vitalisme) et tout être inerte : mort ou vif, positif ou négatif, ying et yang, etc. Tel est le stratagème pour fabriquer ou construire une chose artificielle (factice) en soi, mais mystérieusement dotée de pouvoir être. Voilà le principe du fétiche pouvant se manifester par une performance, un procédé, une installation, une pratique, une activité, une présentification, un artéfact, une récupération, un assemblage, un matiérisme, un syncrétisme, un patchwork, un happening, une incarnation, une illusion, une allégorie, une métaphore, une inspiration, etc. 
L’art en Afrique noire est celui des possibilités illimitées de tout esprit créateur et de toute âme créatrice. Le talent et le génie sont des vertus. Grâces à l’esprit, le talent s’acquiert et se cultive dans l’habitude, dans la vie et dans le folklore. « Les liens très étroits et très forts entre l’art et la civilisation sont indéniables : celle-ci est la terre nourricière dans laquelle l’inspiration (le doigté et le génie créatif africains) puise sens et substance » Elsy LEUZINGER (’’Afrique- l’art des Peuples Noirs’’, éditions Albin Michel, P.14, Paris 1962). 
Notre conscience, notre mémoire, notre histoire, nos expériences, nos pratiques et nos sentiments…sont imprimés dans nos proverbes, nos contes, nos récits, nos croyances, nos mythes, nos légendes. En milieu bamanan cette façon d’être est instituée dans six rites de passages ou d’initiation : ndomo, koma, nama, ciwara, kono, korè. Il y a aussi d’autres sortes de rites, voire d’autres sociétés secrètes. Ce sont tous des institutions, des disciplines, des façons d’être et de concevoir le monde. L’art est lié au folklore et à la vie ; en plus il fait partie du quotidien et des habitudes. 
III-L’œuvre d’art africain
L’art plastique figuratif, pour lequel l’Afrique noire est célèbre, n’a pas atteint chez tous les peuples du monde le même degré élevé d’importance et de signification. Cela est vrai pour d’autres domaines tels que la musique. 
Le fétiche est un exemple très édifiant de l’ouvrage façon made in Africa. C’est l’objet doté d’une force vitale, nyama, barika,dabali, dalilu , fèerè…imprimé en lui dans l’esprit et la vertu de pouvoir être. Soit, un gadget chargé de substances ou autres artifices magiques dans un dessein bien déterminé. Son principe et sa conception sont universelles et sont présents dans toutes les civilisations humaines : superstition, mysticisme, animisme, vitalisme, illusionnisme, magie, allégorie, paradoxe, métaphore, fantasmagorie. L’objet fétiche revêt des multitudes de genres et de formes qui ne sont que des prétextes auxiliaires : bijoux, talismans, amulettes, porte- bonheur, gris-gris, totems, autels, reliquaires, sceptres, figurines, statuettes, marionnettes, éphigies, masques, et autres accessoires humains. 
L’art du fétiche est le pouvoir être et agir, le seko ni dônko, rendu par le génie créateur. C’est un domaine humain qui a une dimension infinie. 
« Au centre, on trouve le concept de la force vitale, une énergie universelle, omniprésente, autour de laquelle tournent toute pensée et toute activité…Le développement vital signifie que l’être peut devenir plus fort ou plus faible. L’effort essentiel de la personne est donc consacré à acquérir et à posséder beaucoup de forces…La force peut agir sur la force. L’infortune et le mauvais sort sont les forces adverses de l’idéal humain ; elles agissent à partir d’une sphère d’influence maléfique. Dans les échelons de l’ordre vital, les forces sont disposées dans un ordre hiérarchisé, celles des degrés les plus élevés agissant, en bien soit en mal, sur les autres. Mais au-dessus de toutes règne Dieu, à la fois esprit et créateur, sage suprême, qui possède la force en lui- même ; et qui donne existence et subsistance aux autres forces, et les accomplit. » Elsy LEUZINGER (’’ Afrique : l’art des Peuples Noirs’’, éditions Albin Michel, P.15, Paris 1962). 
L’œuvre de l’art africain est une performance du génie créateur pour interférer dans l’ordre des choses, à la faveur de l’auteur (la personne). Dans une situation donnée ou dans une conjoncture mise en jeu, la personne s’approprie à sa façon les valeurs en détournant (art d’inverse / revers) le sens, le cours et les enjeux en sa faveur. Cela est aussi le principe d’assaut de la magie et de l’art de la récupération. 
L’œuvre, soit le fétiche est un gadget, une construction d’une magie agissante ; c’est l’incarnation d’un tout composant un ensemble équilibré, harmonisé, virtuel, optique, positif, dynamique, fonctionnel ; c’est un support de forces que l’homme y a fixées à l’aide de pratiques et de rites. Placer une charge ou un artifice magique consacre l’œuvre à un tel principe. Elle devient une installation, un show, un autel, un op’art, un patchwork, un assemblage, un syncrétisme,un amalgame, un bricolage, un matiérisme, une performance, un protocole, une intervention, un happening, un artéfact, une présentification, une incarnation, une transmutation, un métamorphisme, une inspiration, une mise en scène,une manipulation, un manège, un rouage, une combine, une pratique, une activité, une fabrication, une construction, une structure, une représentation, une figuration…une machination chargée de force vitale ; un truc habité par une dynamique ; une présence ou une manifestation mystérieuse. 
L’œuvre étonne, soit le fétiche fascine, rayonne et joue son rôle en nous plongeant dans une dynamique d’une autre dimension. Son efficacité, sa fonctionnalité et sa nature virtuelle positive / négative sont jugées et évaluées par son argument et sa capacité d’irradier le pouvoir dont il est investi ; et aussi par son accomplissement du rôle et le destin dont il est chargé. Oeuvre dotée de pouvoir être ou d’agir, soit œuvre vivante ou animée. 
Le féticheur est en réalité le prêtre officiant et perpétuant le culte, le sacerdoce et l’idéal par la pratique du rite sacré. L’autel est le siége ; le culte est le prétexte ; le rite est l’interprétation. 
 
 
 
 
 

 

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Modifié en dernier lieu le 3.11.2006
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